PHARMACIENS D’OFFICINE : LES INDISPENSABLES POUR (MIEUX) TRAVAILLER ENSEMBLE
Document réalisé par le Bureau de ReAGJIR
Version initiale Juin 2015
Actualisé en Novembre 2017

Missions du pharmacien d’officine
Coopération entre professionnels de santé
Action de veille et de protection sanitaire organisées par les autorités de santé
Expérimentation à la vaccination
Ce guide s’intéresse particulièrement aux pharmaciens d’officine.
Selon le Code de la Santé publique, “ On entend par officine l’établissement affecté à la dispensation au détail des médicaments, produits et objets mentionnés à l’article L. 4211-1 et, dans les conditions définies par décret, de médicaments expérimentaux ou auxiliaires ainsi qu’à l’exécution des préparations magistrales ou officinales.” (1)
L’activité du médecin généraliste est étroitement liée aux pharmaciens d’officine puisque ce sont les principaux destinataires de bon nombre de nos prescriptions. Pour autant, ils ne se limitent pas à une simple délivrance de produits prescrits sur ordonnance : les pharmaciens d’officine sont des acteurs du premier recours à part entière avec un rôle de conseil et d’orientation.
Bon nombre de leurs missions et champs d’activité sont peu, voire pas, connus du grand public mais également des autres professions de santé et nous allons tenter ici de les mettre en avant afin d’améliorer le travail en équipe.
Depuis la réforme des études pharmaceutiques, entrée en application à la rentrée 2010-2011, la première année des études pharmaceutiques est commune avec médecine, odontologie et maïeutique.
En fin de 4e année, les étudiants peuvent faire le choix de leur orientation : pharmacie d’officine, industrie, recherche. Ceux qui le souhaitent pourront présenter le concours de l’internat, s’ouvrant ainsi les possibilités d’orientation vers la pharmacie hospitalière ou la biologie.
Pour les étudiants qui s’orientent vers un exercice officinal, la sixième et dernière année fait l’objet d’enseignements spécifiques assortis d’un stage professionnalisant en officine de 6 mois.
Au terme de ces 6 ans ils soutiennent leur thèse d’exercice et prononcent le serment de Galien.
Les pharmaciens sont soumis aux mêmes obligations de formation continue que les médecins via le DPC, selon les mêmes modalités.
L’obligation de formation et les modalités de contrôle ont été fixées par la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016.
Missions du pharmacien d’officine
C’est dans l’article L5125-1-1A du Code de Santé publique (2) que sont données les 8 missions du pharmacien d’officine. (3)
Tels que définis par le Code de la Santé publique (4), les soins de premiers recours englobent :
- une participation à la prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement et le suivi des patients ;
- la dispensation et l’administration des médicaments, produits, dispositifs médicaux assorties du conseil pharmaceutique ;
- l’orientation dans le système de soins et le médico-social ;
- l’éducation pour la santé.
Coopération entre professionnels de santé
Les pharmaciens peuvent participer, à l’instar de tous les professionnels de santé, au projet de santé de leur territoire.
Les pharmaciens d’officine participent à l’organisation d’un système de garde et d’accueil d’urgence les soirs après 20 heures et les week-ends et jours fériés.
Action de veille et de protection sanitaire organisées par les autorités de santé
Les pharmaciens d’officine, au même titre que les autres professionnels de santé, peuvent selon les mêmes modalités de formation participer aux programmes d’éducation thérapeutique.
Ils peuvent orienter des patients vers des programmes d’éducation thérapeutique (entretiens AVK,asthme).
Les pharmaciens d’officine peuvent signer des conventions avec des établissements de santé (ex EHPAD) ne disposant pas de pharmacie à usage intérieur et en deviennent donc des pharmaciens référents. Ces dispositions sont régies par le Code de Santé publique (5)
Les pharmaciens peuvent être désignés comme correspondants dans une équipe de soins par le patient. Sur protocole de coopération et sur demande ou avec accord du médecin, le pharmacien peut renouveler des traitements chroniques, en ajuster les posologies suite à la réalisation de bilan de médication.
Le protocole de coopération comprend une prescription médicale qui précise les posologies minimales et maximales et la durée totale de traitement (incluant les renouvellements).
Le pharmacien correspondant tient le médecin traitant informé selon les modalités décidées dans le protocole. (6)
La dispensation des médicaments comprend la délivrance mais également :
- l’analyse de l’ordonnance ;
- l’analyse des interactions médicamenteuses ;
- la préparation des doses à administrer si besoin ;
- les conseils et les informations nécessaires au bon usage des médicaments ;
- suivi et éventuelle réévaluation de traitement.
Il s’agit d’un acte de premier recours et d’une mission de service public de permanence des soins.
Elle contribue à l’observance, l’optimisation de l’efficacité des traitements et la réduction des risques de iatrogénie.
L’arrêté du 28 novembre 2016 (7) stipule toutes les modalités de bonnes pratiques de dispensation des médicaments.
L’arrêté du 1er août 2016 (8) fixe les tests de dépistage réalisables en officine. Ceux-ci doivent être faits dans un espace de confidentialité.
Les actes de dépistage sont soumis à une procédure d’assurance qualité portant notamment sur la formation pour la réalisation, le respect des recommandations de bon usage, les modalités de communication de résultat au patient et au médecin traitant (avec accord du patient), les modalités de prise en charge d’un résultat positif, les modalités de traitement des déchets (DASRI), les modalités de traçabilité des tests…
Les pharmaciens d’officine, à ce titre, peuvent donc réaliser les tests suivants :
- glycémie capillaire uniquement dans le cadre des campagnes de dépistage ;
- les tests rapides d’orientation diagnostique oro-pharyngés pour les angines à streptocoques du groupe A et pour la grippe.
Expérimentation à la vaccination
L’article 66 de la loi de financement de la sécurité sociale 2017 (9) met en place une expérimentation (3 ans – Régions Nouvelle Aquitaine et Auvergne-Rhône Alpes) pour la vaccination antigrippale dans les pharmacies d’officine dont le décret (10) et l’arrêté (11) fixant les modalités sont parus au journal officiel du 11 mai 2017.
Cette expérimentation a été soumise à l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique, qui a publié des recommandations. (12)
La démarche est volontaire et se fait auprès de l’ARS avec copie au Conseil Régional de l’Ordre des Pharmaciens sous conditions de formation, de conditions techniques.
En pratique, le pharmacien recevra le patient dans un espace confidentiel avec tout l’équipement nécessaire au bon déroulement de l’intégralité de la prise en charge, il réalisera un entretien pré-vaccinal pour confirmer ou non la possibilité de la vaccination dans ce cadre précis et réalisera la vaccination ou adressera le patient vers son médecin traitant si besoin.
Il informera le médecin traitant de la réalisation de la vaccination sauf refus du patient.
L’expérimentation concerne les patients de plus de 18 ans relevant des recommandations vaccinales en vigueur à l’exception des femmes enceintes et des primo-vaccinés.
Les patients considérés à risque (immuno-déprimés, troubles de coagulation, allergie vaccinale antérieure) et identifiés dans l’entretien pré-vaccinal seront adressés à leur médecin traitant.
Depuis juin 2013, suite à l’avenant n°1 de la convention nationale des pharmaciens (13), la possibilité pour les pharmaciens d’officine de faire un accompagnement des patients sous anticoagulants oraux est mise en place.
Cela concerne les patients sous traitement au long cours (au moins 6 mois), ceux ci sont libres d’accepter ou de refuser ces entretiens et sont libres de choisir le pharmacien qui effectuera ce suivi. Le suivi comprend au moins deux entretiens la première année de suivi et au moins un entretien annuel par la suite. Des référentiels et guides ont été élaborés à ce titre en s’appuyant sur les recommandations de l’ANSM.
L’avenant 4, en décembre 2014 (14), met en place l’accompagnement des patients asthmatiques. Cela concerne les patients asthmatiques chroniques en instauration ou en reprise de traitement par corticoïdes inhalés sans traitement de fond par ailleurs depuis au moins 4 mois. Ils doivent être pris en charge dans les 60 jours suivant la délivrance de ces corticoïdes inhalés, et la durée prévisible de traitement doit être d’au moins 6 mois.
L’avenant 8 (15), en juin 2016, met à jour les guides et les modalités des entretiens pharmaceutiques ainsi que leur rémunération au sein de la ROSP.
Créé par la loi du 30 janvier 2007 relative à l’organisation de certaines professions de santé (16), il recense les spécialités délivrées au cours des 4 derniers mois (sur prescription médicale ou sur conseil du pharmacien), la durée de conservation passe à 21 ans pour les vaccins (17).
Initialement disponible uniquement pour les pharmaciens d’officine dans le but de limiter les interactions et prévenir la iatrogénie, il est désormais accessible aux pharmaciens hospitaliers (octobre 2012) et à certains médecins hospitaliers (expérimentation jusque décembre 2015).
Il est mis en place, via la carte vitale, avec accord préalable du patient et est soumis au secret médical.
C’est toujours dans le but de favoriser les relations interprofessionnelles en santé qu’il est important de bien connaître nos confrères professionnels de santé.
Si ce guide se veut une présentation d’une de ces professions, il doit pouvoir faciliter le rapprochement professionnel afin d’améliorer la prise en charge conjointe du patient.
Ordre National des Pharmaciens www.ordre.pharmacien.fr
(1) Article L5125-1 du Code de la Santé publique modifié par l’ordonnance n°2016-800 du 16 janvier 2016 – art. 7 https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=E43D0F095CA6D51C86C7023CCD563CB2.tpdila16v_3?idArticle=LEGIARTI000032723051&cidTexte=LEGITEXT000006072665&categorieLien=id&dateTexte=
(2) Article L-5125-1-1A du Code de la Santé publique https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000020890192&cidTexte=LEGITEXT000006072665&dateTexte=20110413
(4) Article L1411-11 du Code de la Santé publique https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=AE1DC2B2AA37F638834B92471A7CCA88.tpdila10v_1?cidTexte=LEGITEXT000006072665&idArticle=LEGIARTI000006686929&dateTexte=&categorieLien=cid
(5) Article L5126-6-1 du Code de Santé publique https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665&idArticle=LEGIARTI000006690083&dateTexte=&categorieLien=cid
(6) Décret n°2011-375 du 5 avril 2011 relatif aux missions des pharmaciens d’officine correspondants, JORF n°0082 du 7 avril 2011
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2011/4/5/ETSH1105776D/jo
(7) Arrêté du 28 novembre 2016 relatif aux bonnes pratiques de dispensation de médicaments dans les pharmacies d’officine, les pharmacies mutualistes et les pharmacies de secours minières, JORF n°0279 du 1er décembre 2016. https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2016/11/28/AFSP1633476A/jo
(8) Arrêté du 1er août 2016 déterminant la liste des tests, recueils et traitements de signaux biologiques qui ne constituent pas un examen de biologie médicale, les catégories de personnes pouvant les réaliser et les conditions de réalisation de certains de ces tests, recueils et traitements de signaux biologiques, JORF n°0181 du 5 août 2016 https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032967712&dateTexte&categorieLien=id
(9) Loi n°2016-1827 du 23 décembre 2016 de financement de la sécurité sociale pour 2017, article 66
(10) Décret n°2017-985 du 10 mai 2017 relatif à l’expérimentation de l’administration par les pharmaciens du vaccin contre la grippe saisonnière
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000034676756
(11) Arrêté du 1er mai 2017 Pris en application de l’article 66 de la loi n°2016-1827 du 23 décembre 2016 de financement de la sécurité sociale pour 2017
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000034676756
(12) http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=617
(13) Arrêté du 24 juin 2013 portant approbation de l’avenant no 1 à la convention nationale du 4 avril 2012 organisant les rapports entre les pharmaciens titulaires d’officine et l’assurance maladie
(14) Arrêté du 28 novembre 2014 portant approbation des avenants nos 3, 4 et 5 à la convention nationale du 4 mai 2012 organisant les rapports entres les pharmaciens titulaires d’officine et l’assurance maladie
(15) Arrêté du 24 juin 2016 portant approbation des avenants 8 et 9 à la convention nationale du 4 mai 2012, organisant les rapports entres les pharmaciens titulaires d’officine et l’assurance maladie
(16) Loi n° 2007-127 du 30 janvier 2007
(17) Décret n°2015-208 du 24 février 2015 portant sur les durées d’accessibilité et de conservation dans le dossier pharmaceutique des données relatives à la dispensation des vaccins et des médicaments biologiques
Les compétences du pharmacien d’officine en bref
- premier recours
- délivrance
- éducation thérapeutique
- dépistages
- expérimentation à la vaccination