Marisol Touraine s’est exprimée jeudi soir devant les jeunes, à l’occasion d’une soirée – débat organisée par le SIHP (Syndicat des Internes des Hôpitaux de Paris) et le SCCAHP (Syndicat des Chefs de Cliniques et Assistants des Hôpitaux de Paris). Alors que le débat sur le projet de loi de santé fait partout émerger de fortes contestations, l’intervention de la ministre devait lui permettre de clarifier ses intentions de réformes.

Le projet de loi de santé s’inscrit dans une logique très particulière : élaboré dans le plus grand secret et contesté par tous, il n’aura finalement été concerté qu’a posteriori. Si l’exercice étonne, il n’est pourtant pas nouveau : lorsqu’il faut parler de l’avenir, les jeunes sont rarement placés au premier plan. Dans ce contexte, le symbole porté par l’intervention de Marisol Touraine est fort : il doit être salué. En choisissant de s’exprimer devant une assemblée de plus de 700 futurs médecins, la ministre a marqué la ré-ouverture d’un dialogue trop longtemps rompu.

Mais au-delà du symbole, le discours de la ministre n’a pas convaincu. Si le projet de loi de santé prétend mettre en oeuvre les préconisations de la Stratégie Nationale de Santé, la réalité est tout autre. Le texte qui sera présenté à l’Assemblée Nationale dans les prochains jours manque d’ambition. Le report de l’examen est une nécessité !

Plus encore, certaines de ses orientations provoquent les plus vives inquiétudes.

Comment admettre que l’avenir du système de santé soit celui d’une gouvernance renforcée des ARS ? Comment en fait porter un virage ambulatoire en organisant l’asphyxie progressive des structures de ville ? Si le projet de loi veut faire émerger des projets de soins cohérents, qu’ils redonnent toute leur place aux professionnels de santé !

Comment espérer que le renoncement aux soins soit endigué par un mastodonte administratif dont chacun sent bien qu’il ne sera jamais “simple” ? Pourquoi, au-delà, prendre le risque d’un bouleversement majeur dans la nature du financement de notre système de santé ? Si le projet de loi veut permettre à tous d’accéder aux soins, qu’il se concentre à construire un dispositif crédible pour ceux qui en ont le plus besoin !

Comment ne pas rester sceptique lorsque les compétences des professionnels de santé sont redistribuées dans un dispositif qui échappe à tout contrôle ? L’émergence de professions intermédiaires, dont l’intérêt est partagé par tous, ne mérite-t-elle davantage de considération sur la forme ? Si le projet de loi veut redéfinir clairement la place de chacun, qu’il se donne les moyens d’une construction collective !

Sur ces sujets, les jeunes attendent des réponses. A 15 jours de l’examen du projet de loi au Parlement, le louvoiement n’est plus une option : aujourd’hui, l’inquiétude à céder le pas à la contestation !

 

Aujourd’hui, la voix des étudiants, des internes, des chefs de clinique, des assistants et des jeunes médecins est unanime : si Marisol Touraine veut réformer en profondeur notre système de santé, elle doit entendre les aspirations exprimées par notre génération !

 

Nous ne nous résoudrons pas à voir se dégrader des conditions de formation qui, aujourd’hui, ne permettent plus d’entrer sans heurt dans la carrière médicale !

Nous ne résoudrons pas à considérer comme acquis l’hospitalocentrisme de tout un système qui, en donnant à l’hôpital une place qui n’est pas la sienne, dévalorise l’exercice en ville et appauvrit les parcours de soins !

Nous ne résoudrons pas à accepter des conditions d’exercice dégradées qui, à l’hôpital comme en ville, ne correspondent ni à nos aspirations professionnelles, ni à l’impératif de qualité que nous devons à nos patients !

 

Nous ne résoudrons pas, Madame la Ministre, à accepter une loi à minima. L’enjeu pour les patients est trop grand, le système de santé trop précieux pour être abandonné à ceux qui voudraient le démanteler. Pour qu’existe une perspective d’avenir, nous ne céderons pas à l’abattement ! Le 15 mars prochain, nous marcherons dans Paris pour faire entendre la voix d’une génération qui ne renoncera pas à son avenir. Nous tiendrons une conférence de presse le 12 mars prochain, aux côtés des structures engagées pour la manifestation du 15 mars.

 

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